vendredi 23 janvier 2015

messagère sans message

photo L. Sch.



Dans la première lumière du petit matin, la mer scintille de myriades d’étincelles, un petit nuage d’humidité coiffe le sommet de la montagne, le monde est beau d’une beauté qu’on ne peut pas imaginer plus belle, d’invisibles oiseaux s’égosillent dans les arbres en fleur, une brise légère fait bouger les feuilles, celle que j’aime est belle d’une beauté que je ne peux pas imaginer plus belle, c’est un jour sans pareil, encore un jour dans la suite des jours, encore un jour qui amicalement m’approche de l’amicale mort, les voluptés d’amour que nous avons connues ont été telles qu’on ne peut les imaginer plus voluptueuses, une minuscule bestiole sans nom crapahute le long du bord de ma table, bestiole sans nom et sans destin, messagère sans message, je respire, respire, comblé & exténué, le bonheur fusionnel que nous avons vécu ne peut pas être imaginé autre ou plus grand, et au moment où je m’apprête à devenir solennel pour dire des choses solennelles, mon regard tombe sur deux trois passereaux qui batifolent sur le béton, et avec chaque sautillement ils réfutent les gouffres & les abîmes, si on dit naïvement, me dis-je, des choses pareilles, c’est qu’on a connu la mystique, la seule authentique, la mystique immanente, celle de la beauté et de l’amour, vivace plénitude avant de mourir.
Le murmure du monde, vol. VII

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