mercredi 31 août 2016

phrase décisive

Rosenwald Book of Hours, 1533



Vierges heures du matin, on est frais & innocent, rien ne se passe. Lumière & silence. L’esprit est aigu et réceptif. Et les premières pages lues sont assimilées comme du glucose. Les pensées, aussi alarmantes et mortifères soient-elles, sont nourriture et enivrement. Et peu à peu, à force de penser, on devient pensif. Et les syllabes manègent & orbitent. C’est une journée où on sécrétera, peut-être, vielleicht, forse, perhaps, quizá, une phrase décisive. Celle qui se prépare depuis des années. Celle qui va oblitérer toutes les autres. Celle qui balayera toutes les balbutiantes approximations. Celle qui illuminera les angles morts. Celle qui court-circuitera toutes les inutiles divines révélations. Celle qui portera le savoir décisif à incandescence. Phrase dans une syntaxe percutante, imparable, phrase sublime, phrase ultime, tout juste pré-posthume — couronnant & réfutant cinquante ans de vains bavardages…




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