jeudi 6 octobre 2016

L'INCONCEVABLE CON

photos Henri Maccheroni




L’INCONCEVABLE CON


C’est peut-être vrai, sans que je puisse expliquer vraiment que c’est peut-être vrai, je dis ça pour dire que c’est comme ça sans vraiment savoir comment c’est, il se peut que cela ait été un rêve, ou une nostalgie, ou un souhait, un fantasme, je veux dire : accéder à cette proximité-là du con de femme ; je me suis procuré un port-folio avec vingt-quatre photos noir & blanc de Henri Maccheroni, il en a fait des milliers, en deux temps, de 1969 à 1971, puis de 1972 à 1974, à raison d’une ou deux séances par semaine ; fin 1974 il décida d’arrêter les prises de vue, de choisir parmi les innombrables images les 2000 qui convenaient le mieux à son dessein et de se consacrer, désormais, au classement de celles-ci. La vulve d’une femme dont on n’a jamais vu le visage. Il est allé là où tout le monde va mais comme personne n’y était jamais allé. Avec un respect, une obsession, une fascination incomparables il est allé fouiller l’entrejambe d’une femme sous tous les angles et dans tous les détails. L’étonnante effrayante indicible beauté du sexe de femme, il l’a célébrée contre vingt-cinq siècles d’occultation et de rejet. Fruit de l’obscurité, fendu parmi le foisonnement des poils, grandes lèvres s’entrouvrant sur les fines crêtes fripées des nymphes humides – ce qui est toujours systématiquement relégué, le voilà en plan premier, gros-plan, plan unique, l’inconcevable con de femme.



LA PIVOINE DE CERVANTÈS
et autres proseries
éditions La Part commune, 2011



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