lundi 3 octobre 2016

trois fragments

Van Eyck, La Vierge au chancelier Rolin, détail, 1435



Quand j’ai mal aux dents et à l’estomac et à la rate et au pancréas et aux clavicules et aux mollets et aux poumons et à la nuque ça me fait une sorte de plaisir de taper un mot comme ruban, – c’est à cause de Leiris qu’est passé le mot ruban, et ce soir j’ai mal à la nuque, aux clavicules, etc., alors je tape ruban. Autour du cou d’Olympia. J’écris une œuvre sans aucune imagination.

Ce qui me fait le plus chier dans les livres que je lis [sauf pour a) les astronomes, b) les entomologistes], ce sont les explications, dès que je flaire de près ou de loin la moindre velléité d’explication, je saute la phrase, parfois la page, parfois le livre. Et le mal à la nuque continue à me cogner dans la nuque. Faut-il que j’essssplique ? Si je mentionne les Perros & les Leiris, ce n’est pas pour insinuer que je me sentirais de taille à aller pisser avec les grands chiens, c’est juste pour me placer, clébardement, sous leur protection.

Le lendemain, même trajet, même rivière dans la même vallée, même crachin, et soudain la Fantaisie en la mineur BWV 922 de JSB, et je repleure. Je donne tout Liszt et la moitié de Chopin pour ce seul morceau-là. 



LE RESSAC DU TEMPS
LE MURMURE DU MONDE / 5
éditions des Vanneaux
à paraître



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