mardi 31 janvier 2017

femme dans la vie - PROSERIES, chap. 105

peinture Pierre Aleschinski




105.

S’il y a une femme, une autre femme dans sa vie, il dit que non, biographème si lourd, depuis cette femme-là pas d’autre femme, est-ce des questions qu’on pose, est-ce des réponses qu’on donne, femme dans la vie, ‘Sprachgebrauch’, Wittgenstein poserait sa cruciale question méthodologique : que dites-vous quand vous dites femme dans la vie, le chaud d’un corps pendant la nuit, peau senteur moiteur, ou au contraire le souci de ne pas se toucher, partager le lit mais pas la peau, histoire de couple, souvent les histoires de couples sont désolantes, nous n’étions pas couple, nous dormions nus, tendreté cosmique existentielle fusionnelle, elle veut entendre s’il y a une femme, une autre femme dans ma vie, depuis toi, en dix-huit mois, je n’ai touché aucune femme, réponse qui ne lui fait aucun plaisir, elle n’a pas posé la question pour se faire plaisir mais par vague distrait courtois souci, elle souhaite que cela me fasse du bien qu’il y ait une femme dans ma vie, se souvient-elle qu’elle a été une femme dans ma vie, la femme dans ma vie, une unique femme dans ma vie, biographème si élémentairement lourd, nous dormions nus, jusqu’à la fin de mes jours je sentirai le chaud de son corps contre moi pendant la nuit, elle dort et je l’écoute respirer, et c’est le plus beau cadeau du monde : qu’elle me confie son sommeil. Et au petit matin, son premier sourire, les yeux encore clos, quand elle dit qu’elle a bien dormi.



PROSERIES
chapitre 105
inédit





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