samedi 11 février 2017

douceur sucrée salée - PROSERIES, chap. 110

peinture Pierre Aleschinski



110.

A la voir, tout en haut, ma hyper intellectuelle chérie, tout en haut de ce podium, faire son exposé, à la voir, à l’entendre, je soupire, à part moi, pour ne pas déranger l’assistance, il y a tant de monde, plein de gens que je ne connais pas, et qui ne prennent pas note de moi, ne me connaissant pas non plus, ils sont venus si nombreux au pied de ce podium, et ça m’énerve, tous ces gens au pied de ce podium, accourus pour assister acquiescer applaudir à ce qu’expose ma hyper intellectuelle chérie, personne évidemment ne peut s’en douter qu’elle est ma chérie, et je pense même qu’elle-même ne s’en doute pas, comment serait-elle sensible à mes soupirs, pendant qu’en haut du podium elle s’expose dans ses exposés, je n’ai pas le cœur à écouter, j’entends mais n’écoute pas, me laisse juste captiver par sa voix, le timbre de cette voix qui m’émeut jusqu’au fond de l’âme, et suscite mes soupirs, et je suis inexistant invisible parmi la foule si attentive, et quand autour de moi, à certains moments de l’exposé, on applaudit, je n’applaudis pas, pour ne pas attirer l’attention, et elle, là-haut, ne s’en rendrait pas compte que j’applaudis si j’applaudissais, je ne suis pas venu pour applaudir, mais pour soupirer, et mon pauvre cœur soupire inaudiblement, arrête, ma chérie, redescends de là et viens m’offrir la douce douceur sucrée salée de ton adorable foufoune.



PROSERIES
Le Murmure du monde, vol. VIII
chapitre 110
inédit



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